L’ouvrage d’Isabelle Bunisset, professeur de lettres à l’université de Bordeaux 3, retrace dans un style tout à la fois poétique et sensuel l’histoire du cannelé, la gourmandise bordelaise par excellence. Entre l’historique et les secrets de fabrication, elle a recueilli les confidences de grands chefs sur la question (Alain Ducasse, Jean-Marie Amat, Michel Guérard, Alain Dutournier, Jean-Pierre Xiradakis, Thierry Marx, Alain Passard, Pierre Hermé, Michel Portos, Jean-Luc Poujauron, Yves Camdeborde, Jean-François Piège, Christophe Michalak, Hélène Darroze, Christophe Barbier, Philippe Téchoire, ou encore le pâtissier bordelais Thierry Lalet), dont certains nous livreront leurs recettes personnelles.
Le Cannelé, ce mystère nommé désir aux Éditions Feret. Prix : 29 euros.
_________ Quatrième de couverture :
Lecteur complice, laissez-vous convier à l'appel de la gourmandise, de toutes les gourmandises, de la bouche et de l'esprit, celles qui mettent nos sens en émoi !
Venez à la table du cannelé, converser, goûter et vous délecter de sa robe caramélisée, de sa douceur exquise et de sa rondeur familière.
Le cannelé à le charme de certains jours d'enfance. Par sa volupté sucrée, il demeure un comparse jovial, une promesse de plaisir à portée de main et de coeur.
Isabelle Bunisset nous raconte l'histoire mystérieuse de ce dur au coeur tendre, de ses origines si joliment controversées. Elle nous entraîne au fil de ses découvertes, de ses rencontres et nous fait partager confidences, recettes et souvenirs des plus grands chefs français.
Par son parfum, cette petite bouchée affole nos papilles. L'ouvrage regorge d'anecdotes croustillantes, de douces réminiscences, de rêveries littéraires et artistiques, sans oublier, dans un esprit pratique, conseils et adresses.
Maintenant, ouvrez ce livre, découvrez, cuisinez et savourez...
Nos lectures gourmandes - Page 18
-
Isabelle Bunisset "Le cannelé, ce mystère..."
-
Vincent Chenille, le plaisir gastronomique au cinéma
Le rapport entre la gastronomie et la France semble aller de soi. Peu après"l'invention du restaurant " à Paris à la fin de l'Ancien Régime, ce sont des Français, Grimod de la Reynière, Antonin Carême, Brillat-Savarin, ..., qui fondent la gastronomie en élaborant un discours entièrement nouveau sur les plaisirs de la table. Vincent Chenille ne dresse pas seulement une histoire de la gastronomie, il nous émerveille par son analyse cinématographique de la nourriture. Perçue sous l’angle du plaisir, il nous faut reprendre Le déjeuner de bébé comme le film à partir duquel s’origine le rapport gastronomie – cinéma. Louis Lumière ne s’y trompe pas, l’image est liée au plaisir. Se nourrir, manger, se gaver font partis de ses plaisirs que nous connaissons. Bien sûr, l’histoire du cinéma ne s’arrête pas, les films se déroulent et c’est scènes après scènes que Vincent Chenille développe nos papilles. Une interrogation s’impose : comment se fait-il que le cinéma soit devenu, ces dernières années, le média de l’art culinaire, lui qui ne peut toucher au sens propre nos papilles gustatives ? C’est à partir de ce sens absent, qu’il nous fait renouer avec l’histoire du septième art. Peu à peu, de films gastronomiques, en films dramatiques, nous dressons la table des plaisirs infimes, des affects chavirés autour d’une bonne recette…
Vincent Chenille, le plaisir gastronomique au cinéma, éd. Jean-Paul Rocher, 2004, 110 pages. 16€ -
François Julien, Nourrir sa vie...
Partant de l’expression chinoise « nourrir sa vie », François Julien déplie, sous nos yeux, le fil de ce « nourrissement vital ». Il réfute peu à peu nos oppositions catégorielles : celle de « l’âme » (ou de l’esprit) et du corps, aussi bien que celle entre le vital, le moral et le spirituel. Il tisse une histoire de la philosophie, bien moins nietzschéenne que celle de Michel Onfray, mais nous apprend à confronter notre culture culinaire et spirituelle à celle chinoise et orientale.
Nourrir sa vie devient se concentrer sur notre « souffle-énergie », sur notre vitalité propre. Mais attention, François Julien ne veut pas aller dans la direction des marchands suspects du « développement personnel », il dresse juste un constat sur une manière de penser différente qui repose à la fois sur une nourriture mais aussi sur un langue bien particulière. La langue chinoise se pense dans la continuité et non dans les oppositions (ou catégories) auxquelles nous obéissons. Ainsi « nourrir sa vie » c’est se donner à penser à la fois, et d’un même mouvement, la promotion et la prolongation de notre vie.
François Julien, Nourrir sa vie, à l’écart du bonheur, éd. Seuil, 2005, 170 pages. 16€. -
Muriel Darmon et Christine Détrez, Corps et société
Jamais sans doute notre corps, le corps en général, n’a été autant célébré, sollicité, mis en avant, accessoirisé que dans nos sociétés contemporaines. En apparence, il semble que nous soyons libérés des normes, des cadres moraux... Le corps sert aujourd’hui de support identitaire à des individus soucieux de leur image et de leur singularité (c’est ce que désigne la mode des piercings, des scarifications, des tatouages, etc.). De façon générale, et voir même symptomatique, nous parlons d’un droit de disposer de notre corps (et ce à tous les stades de la vie).
Cependant, Muriel Darmon et Christine Détrez nous montrent qu’il ne faut pas nous bercer de cette illusion. A l’aide d’études sociologiques, de tableaux, d’analyse des rapports publics, etc. Elles mettent en évidence que les usages du corps continuent d’obéir à des normes socioculturelles. Or qui parle de corps, parle de nourriture ! Même si notre rapport à l’alimentation n’est pas le cœur de cet ouvrage, il est une des trames notamment dans les passages sur l’analyse de l’apparence physique. Notre corps reste à jamais le synonyme d’inégalités, voire de discriminations. Enfin il est l’objet même des préoccupations pour les pouvoirs publics, qui cherchent à l’encadrer.
Muriel Darmon et Christine Détrez, Corps et société, éd. La Documentation Française, coll. "problèmes politiques et sociaux", 2004, 120 pages. 9€