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restauration - Page 12

  • Gilles Choukroun

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    Huit ans après Le Café des Délices et sa fameuse crème brûlée au foie gras et cacahuètes, Gilles Choukroun ouvre enfin un nouveau restaurant bien à lui, le MBC. Un nom surprenant pour une cuisine qui ne l’est pas moins, et dont il nous livre ici quelques clés.

    Les plats irrévérencieux de son Café des Délices ont fait de lui le chouchou des critiques et des gourmands. Pourtant, à l’étroit dans sa cuisine, Gilles Choukroun avait fini par s’en échapper pour visiter le monde, multiplier les expériences et signer entre deux embardées les cartes du Café Véry, de l’Angl’Opéra et du Mini Palais.
    Avec le MBC, le chef réintègre enfin ses fourneaux. Dans les assiettes, on retrouve cette cuisine aux mélanges pop et affirmés, qui ne ressemble à aucune autre. Une modernité revendiquée plein pot, et jusque dans la salle aux airs de loft new-yorkais chaleureux imaginée par Elisabeth, sa compagne. Et tant pis pour ceux qui ne sont pas près à suivre !

    Lefigaro.fr/madame. – Ce nom, MBC, n’est-ce pas un peu
    crypté ?

    Gilles Choukroun. - Cela veut dire Menthe, Basilic et Coriandre. Le mélange d’herbes qui thème mes plats depuis une dizaine d’années et auquel je me suis identifié. C’était donc raconter une partie de ma cuisine que d’appeler mon restaurant MBC.

    Et cette cuisine, justement, comment a-t-elle évolué depuis Le Café des Délices ?
    Aujourd’hui, ma cuisine est plus limpide, plus vive. Je vais plus loin dans l’engagement des goûts, dans l’orientation de chaque plat. Je propose, par exemple, une langoustine et tofu. Il s’agit d’un produit juste rôti avec un tofu de grande qualité, lié par de l’anchois mariné et des rouelles d’oignon des Cévennes pour le croquant. Ce plat est bien plus simple que ce que j’aurais fait avant. Mais il y a des recettes que j’ai gardées, comme les rouleaux de foie gras ou les Saint-Jacques et boudin noir.

    Quand vous parlez de vos racines en cuisine, à quoi faites-vous allusion ?
    Ce sont les origines de mon père, l’Afrique du Nord. Enfant, je n’ai pas du tout baigné dans cette cuisine ; pourtant, ces racines ont resurgi sans que je m’en rende compte ! Dans mon premier restaurant, à Chartres (La Truie qui file, NDLR), les clients m’avaient fait remarquer que je teintais mes plats des parfums d’Afrique du Nord. Cela s’était fait naturellement, ça plaisait et j’assumais ces saveurs qui me touchaient.

    Afrique du Nord, Asie : vos influences sont multiples et le résultat est très personnel. Comment expliqueriez-vous votre cuisine à quelqu’un qui la découvre ?
    Elle est assez complète sans être complexe dans les saveurs et les textures. Reprenons l’exemple de la langoustine et du tofu : on a la puissance de l’anchois, l’acidité de l’oignon, la fraîcheur lactée du tofu. C’est une cuisine où chaque élément a besoin de l’autre. À partir du moment où l’on sait cela, l’on comprend qu’il faut manger tout ensemble et non la langoustine d’abord, puis l’oignon… C’est le jeu de réponses que le mélange provoque qui est intéressant.

    Y a-t-il chez vous une volonté de « réveiller » les gens ?
    J’aime qu’une cuisine soit totalement assumée, qu’elle aille loin dans son propos. Ensuite, les gens suivent ou non, mais ils ne restent pas indifférents. En ce moment, je sers un bœuf rôti à l’avoine avec des nouilles soba, accompagné de bulots au raifort. Il y a certainement une part de provocation et, en même temps, c’est un mélange cohérent pour moi. Je n’intellectualise pas, je suis juste content de manger du bœuf et des bulots, j’apprécie le mélange des saveurs terre-mer et celui des textures, la douceur et la fermeté.

    Avez-vous d’autres projets ?
    Non, le MBC est suffisant. J’ai des cartes très courtes au déjeuner comme au dîner. Cela laisse peu de choix aux clients, mais ces cartes vivent de ma sensibilité, bien au-delà d’un simple changement avec les saisons. Elles sont vouées à changer partiellement chaque semaine, ce qui va me prendre du temps.

    MBC, 4, rue du Débarcadère, 75017 Paris (plan d’accès).
    Tél. : 01 45 72 22 55.
    Formule midi : 20 € ; formules soir : de 45 à 80 €.

    L’astuce
    J’aime mettre une pointe de poivre dans tout ce qui est chocolaté. Le but n’est pas de sentir l’épice, mais de donner une longueur en bouche et une présence plus forte au chocolat. Pour une mousse au chocolat pour quatre, j’ajoute deux tours de moulin à poivre, si possible des variétés qui ont de la personnalité, type Penja ou Sechuan.

    L’adresse
    Le pain d’Olivier Gestin est mon dernier gros coup de cœur ! Sa boulangerie est située à deux pas du MBC, sur une petite place du 17e arrondissement. Une partie des produits est travaillée en bio et l’ensemble est de toute façon préparé à base de farines de superqualité. Du coup, tous les pains sont délicieux. Quant aux viennoiseries, elles sont excellentes !

    La Boulangerie, Olivier Gestin, 35, place Saint-Ferdinand, 75017 Paris. Tél. : 01 45 74 05 65.

    Grâce au Figaro Madame - Découvrez la recette du mignon de porc MBC et sardines citron-cumin dans notre Guide recettes >>

    Source : Le Figaro Madame

  • Adeline Grattard

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    Mêlant avec brio la mélodie apprise dans les cuisines de L’Arpège et ses découvertes chinoises, la jeune chef voit accourir le Tout-Paris gastronomique dans son restaurant de poche ouvert depuis seulement quelques semaines.

    Yam’Tcha, voilà un nom qu’Adeline et son mari Chi Wa n’ont pas choisi par hasard. Cette tradition chinoise consiste à se réunir le matin entre amis, voisins ou en famille, le temps de déguster quelques plats vapeur autour d’un thé avant de débuter la journée. Dans la petite salle aux murs de pierre règne une atmosphère qui rappelle ce moment de sérénité. Et dans la microscopique cuisine ouverte, Adeline prépare des plats épurés et sensuels, en toute discrétion. Retour sur le parcours qui l’a menée à cette cuisine d’auteure.

    Lefigaro.fr/madame. – Depuis l’ouverture de votre restaurant, fin mars, les gastronomes se bousculent pour vous découvrir. Mais comment êtes-vous arrivée
    en cuisine ?

    Adeline Grattard. - Plus jeune, je cuisinais beaucoup à la maison, j’adorais ça et je pensais ouvrir un restaurant lorsque j’aurai 40 ans, une sorte de seconde vie professionnelle. Dans la première, je me voyais professeure et j’ai fait une licence d’allemand, mais j’ai eu peur du manque de débouchés et j’ai finalement intégré l’école de cuisine Grégoire-Ferrandi. J’en ai profité pour faire des stages, dont un chez Flora Mikula. Je l’ai choisie parce que c’était une femme et qu’elle a su me mettre face aux réalités de ce travail : la rapidité, la pression, les horaires lourds, mais aussi l’amour du métier.

    En sortant de l’école, vous avez eu la chance d’intégrer la très confidentielle cuisine de l’Astrance. Est-ce un rêve pour une jeune cuisinière ?
    Oui, j’ai eu beaucoup de chance ! Pascal Barbot recrute au feeling et, je ne sais toujours pas pourquoi, pour moi c’est passé ! Je suis restée presque trois ans à l’Astrance. J’y ai appris le choix et le respect des produits, sans oublier la responsabilité. Chez Pascal Barbot, il n’y a pas de brigade, chacun est responsable de son poste, depuis l’arrivage du produit jusqu’à l’assiette qui sort de la cuisine. C’est vraiment enrichissant. Puis, j’ai eu envie d’avoir une expérience différente. Je voulais connaître la culture de mon mari, Chi Wa, qui est hongkongais…

    Vous avez donc tout quitté pour partir en Asie ?
    J’ai vu ça comme une ouverture : changer tout en continuant d’apprendre. Pendant deux ans, j’ai travaillé dans un restaurant chinois à Hong Kong. Parallèlement, je faisais des stages en Chine dans des restaurants populaires. Cela m’a permis de découvrir de nouveaux produits, des techniques de cuisson et des façons d’assaisonner différentes. Et surtout, une cuisine instantanée, sans longue préparation : en Chine, on mange en permanence, alors il faut que ça roule !

    Puis, vous rentrez en France et vous ouvrez Yam’Tcha…
    Avec Chi Wa, nous avons mis du temps pour trouver un lieu qui corresponde à nos attentes. Il fallait une vingtaine de couverts maximum, car je voulais que ce soit comme à la maison. D’ailleurs, il n’y a qu’un service. Je veux que les gens se sentent bien et je préfère concentrer tout ce que j’ai à donner en une seule fois !

    Justement, comment définissez-vous votre cuisine ?
    À mes yeux, elle est très simple, sans ambiguïté : un produit, une touche chinoise dans la cuisson ou dans l’assaisonnement et c’est tout. Je sers par exemple un canard de Challans juste rôti et accompagné d’aubergines sautées à la sichuanaise. J’adore aussi les coques sautées au soja noir. C’est un plat rapide qui ne nécessite qu’un wok pour que les coquillages s’ouvrent vite et que le jus garde toute sa saveur.

    Dans votre restaurant, il n’y a pas de carte ?
    Il y a simplement une formule le midi et deux le soir. Elles changent selon les arrivages et je fais attention à ne pas servir deux fois le même plat à ceux qui reviennent, donc toutes les tables ne mangent pas la même chose ! Mais j’essaye de faire plaisir à chacun, d’où l’importance d’avoir une cuisine ouverte et de voir la salle.

    Vous proposez aussi d’accompagner les plats d’une dégustation de thés…
    Nous avons emprunté à la culture chinoise le fait de boire du thé à table et nous l’avons décliné en suivant le principe de l’accord mets-vins à la française. Comme un sommelier, mon mari choisit les variétés qui s’accordent à mes plats. Les gens y sont sensibles. Lorsqu’ils dînent au thé, ils sont toujours agréablement surpris et se sentent légers en repartant, ce qui est notre but !

    Yam’Tcha, 4, rue Sauval, 75001 Paris (plan d’accès). Tél. : 01 40 26 08 07. Formule midi à 30 € et formules soir à 45 et 64 €.

    L’astuce
    Avant de cuire un poisson à la vapeur, le sécher et le frotter avec du gros sel. Passer partout du sel assez doucement, puis enlever l’excédent. C’est une technique chinoise pour nettoyer le poisson que je tiens de mon mari. C’est mieux que de le passer sous l’eau, ce qui enlève un peu de goût.

    L’adresse
    Pendant nos jours de fermeture, nous allons souvent chercher à manger chez Angelo Procopio. C’est une petite trattoria italienne qui fait de la burrata au San Daniele, des pennes aux asperges et à la pancetta… C’est simple et juste ! Et les plats changent tous les jours.

    89, rue Saint-Honoré, 75001 Paris (plan d’accès).
    Tél. : 01 40 41 06 25.

  • Gilles Stassart

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    Il est de toutes les aventures culinaires. Après le restaurant du Mac/Val, c’est au Palais de Tokyo que Gilles Stassart pose ses fourneaux pour une expérience à la croisée de la gastronomie et de la performance artistique. Rencontre.

    Un cube en verre abritant une table d’hôtes perchée sur le toit du Palais de Tokyo, un potager dans la cour du musée et une salle réservée à des cours de cuisine : Art Home – prononcez
    « arôme » – se veut un voyage artistique autour de l’art culinaire. Aux manettes, Gilles Stassart, directeur et chef du Transversal – le restaurant du musée d’art contemporain Mac/Val, devenu restaurant nomade –, théoricien de l’art culinaire et chroniqueur chez Beaux Arts Magazine. Il est de toutes les aventures comestibles renversantes. Un zeste intello, totalement arty, il cuisine les histoires bien plus que les produits.

    Lefigaro.fr/madame. – Journaliste, chef, directeur culinaire : ce n’est pas facile de vous définir…
    Gilles Stassart. – Ma spécialité est de rapprocher la gastronomie et les arts plastiques. Pour moi, les produits sont comme des objets, avec des formes, des goûts, des couleurs. Avant, j’ai beaucoup réfléchi aux aspects plus théoriques de la cuisine, notamment à travers mon travail chez Beaux Arts Magazine. Beaucoup de choses s’y rattachent : l’écologie, les voyages, des questions économiques comme l’agriculture… Maintenant, après vingt ans, je peux enfin me mettre à la pratique.

    Quel est votre rôle dans Art Home ?
    On m’a demandé de créer un projet culinaire autour de Nomiya, le dispositif en verre mis en place sur le toit du Palais de Tokyo. J’ai accepté car il y a là tous les éléments que je recherche : la rencontre avec un artiste, Laurent Grasso, la collaboration avec un musée et, bien sûr, la responsabilité de mener le projet. Au Mac/Val, je cuisinais à côté d’œuvres, mais là, c’est carrément dedans !

    Et en quoi consiste précisément ce projet ?
    C’est un ensemble de choses. D’abord, une table d’hôtes, ouverte pour le déjeuner et le dîner, avec un menu qui change tous les jours. J’animerai aussi des ateliers autour des recettes servies au Nomiya et du potager que nous avons planté juste en dessous. Ces cours me permettent de transmettre ma philosophie de la cuisine en tant que pratique intime et quotidienne. J’essaye d’y engager le public à expérimenter, décloisonner et, surtout, ne plus avoir peur de rater. Par exemple, on va faire des œufs à la neige salés ou tenter des associations inédites comme le kiwi pour acidifier une huître…

    En quoi votre cuisine est-elle en rapport avec l’art contemporain ?
    Ce sont deux pratiques esthétiques. Même avec une purée, on peut faire quelque chose d’esthétique. Je défends une cuisine du geste et de l’improvisation qui ressemblerait plus au jazz qu’à une symphonie. Je dédramatise, je sors des règles. C’est le principe même de la création : il faut savoir prendre des risques… Or en cuisine, ce n’est pas très grave ! Par exemple, je m’essaye quelquefois à des recettes sans sel. Cela donne des plats fades et apporte une certaine neutralité avant un autre plaisir gustatif dans le menu.

    Concrètement, que mange-t-on au Nomiya ?
    Chaque jour, le menu unique change. Il y a une mise en bouche, une entrée, un plat, un dessert. Et des « virgules flottantes » : j’ai emprunté ça aux maths, c’est un « truc » qui arrive pendant le repas, un contrepoint, par exemple un granité à la framboise avec une émulsion de cresson. Pour les plats, il n’y pas de restriction : on peut tout faire, même des grands classiques comme le bourguignon. Mais en me souvenant que ma grand-mère mettait un carré de chocolat dans la sauce pour atténuer son acidité, j’ai choisi de faire un bourguignon vraiment au chocolat. Mon cassoulet de poisson à la coriandre avec des fèves n’a plus de cassoulet que le nom, mais c’était quand même bien l’idée de départ. Je peux aussi partir d’une technique, d’un produit ou d’une association, comme le kiwi et l’huître qui deviennent le « kiwhuître » et, au final, cela donne toujours des créations.

    Art Home au Palais de Tokyo, 13, avenue du Président Wilson, 75016 Paris. Tél. : 01 47 23 54 01.
    Déjeuner au Nomiya : 60 € ; dîner : 80 €.
    Réservations pour les ateliers (adultes : 20 €, enfants : 15 €) et pour les repas sur www.art-home-electrolux.com.

    L’astuce de Gilles Stassart
    J’aime bien émincer des fruits dans du vinaigre au dernier instant. On peut essayer avec toutes les variétés, mais avec des cerises, c’est parfait. Vous pouvez aussi émincer un abricot pas très mûr avec de l’huile – délicieux sur un ceviche de langoustine – ou essayer avec un litchi et de la très bonne huile d’olive.

    Son adresse fétiche
    L’épicerie fine Sur les Quais, au marché d’Aligre, à Paris, pour ses câpres de Pantelleria au sel. Pantelleria est une île volcanique italienne située au nord de la Tunisie. Et ce sont les meilleurs câpres du monde !

    Sur les Quais, marché couvert Beauvau, place d’Aligre, 75012 Paris. Tél. : 01 43 43 21 09.

    Source : Le Figaro Madame