"Loin d’être constamment dans une critique acerbe de la société de consommation, le cinéma peut en rire et nous offrir de beaux moments ludiques.
Avec La soupe aux choux de Jean Girault (1981), nous découvrons une fable alimentaire. Deux paysans, vivant en retraite à la périphérie d’un village, sont portés sur deux choses : la soupe au chou et le vin. Un jour l’arrivée d’un extra-terrestre bouleverse leur univers étriqué. Une enfilade de borborygmes, de rots, de flatulences nous conduit à réfléchir sur le partage.
En 1966, le Grand restaurant de Jacques Besnard se joue des restaurants chics. Septime, patron d’un grand restaurant des Champs-Elysées, espionne et tyrannise ses employés. Les baisemains, les courbettes et flagorneries en tout genre sont réservés à la clientèle. A mesure des plats, nous prenons le pas de ces jeux de langage. Mais un jour tout bascule. La visite d'un chef d'Etat sud-américain vient bouleverser le quotidien. Le dictateur disparaît mystérieusement au dessert. Le propriétaire du restaurant est soupçonné par la police et poursuivi par des terroristes.
Mais c’est à L’Aile ou la cuisse de Claude Zidi (1976) que revient le rôle le plus moderne de la critique gastronomique. Bien des années avant José Bové ou Jean-Pierre Coffe, Charles Duchemin (Louis de Funès) combat la « malbouffe ». Critique culinaire, il est le cauchemar des restaurateurs, qu’il traque sans relâche sous différents déguisements. L’ennemi numéro un s’appelle Tricatel, spécialiste de la cochonnerie industrielle. Duchemin s’est donné pour mission sacrée de combattre cet antéchrist de la gastronomie (qui crée des poulets en tube, des salades à partir de pâte verte, etc.).
Plus proche de nous, plus contemporain, il nous faudrait évoquer longuement le film Super size me de Morgan Spurlock (2004). Le réalisateur, en pleine forme physique est prêt. C’est parti pour son premier Mac Déjeuner. Pendant un mois, il va manger chez McDonald. Ce documentaire, bâti chronologiquement autour du défi de son réalisateur, ne s’arrête heureusement pas à voir un type s’empiffrant de hamburgers. La majeure partie du film est constituée de différents reportages sur l’alimentation aux Etats-Unis, dans les écoles, les habitudes de consommation, les lobbys de l’industrie agroalimentaire, etc. C’est à la fois utile et indispensable à sa démonstration. La force de ce film est que Morgan Spurlock paie de sa personne. Il teste personnellement ce défi insensé et nous pouvons voir les changements qui le frappent tant physiologiquement que psychologiquement, avec l’avis et le regard des spécialistes à l’appui. C’est rythmé, ces démonstrations sont pertinentes et pleines de bon sens.
Ne finissons pas cet article sur le goût amer de la société de consommation. Revenons au plaisir, à un plaisir en particulier : le chocolat."
À suivre "L’aliment far du cinéma : le chocolat"