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Cinéma - Page 2

  • Les saveurs du passé

    c2f3e086f7c46763a2649e7b7538e7d8.jpg"Les arts de la table, les assortiments de saveurs sont autant de bruissements du temps. Nous sommes aujourd’hui, hier a doucement chu, demain arrivera de sa verte démarche. Nous suivons les couteaux des cuisiniers, nous dessinons les saveurs des tomates sur un air italien dans Drei Sterne (Chère Martha) de Sandra Nettelbeck. Mais la cuisine outre les sentiments c’est une évocation du passé, une ode aux plaisirs gustatifs du temps et de l’histoire.
    f9acc611d9127d6689c9c8b580f4c035.jpgAvec Vatel (2000) de Roland Joffré, nous suivons les délices les plus fous d’un cuisinier de génie opérant à la cour du roi-Soleil. Nous sommes en 1671, Vatel doit organiser de somptueuses agapes pour toute la cour. Des impondérables réduisent à néant les festivités. Plongée au cœur de l’histoire, nous découvrons l’art de la création des recettes et des plats en sauce.
    Tampopo (1986) de Juzo Itami, nous entraîne au cœur de la création contemporaine des soupes. Même si la recette du film est assez simple, elle nous fait découvrir les méandres du temps et de l’effacement des blessures. Ecoeuré par la médiocrité de sa soupe aux nouilles, qui manque de « corps et de tonus », un routier de passage décide d’aider une jeune veuve restauratrice à améliorer la qualité de sa cuisine. Juzo Itami peint ainsi savoureusement les rites culinaires japonais. Nous apprenons ainsi à déguster comme il faut la fameuse soupe aux nouilles, qui nous redonne une âme. Il faut caresser avec les baguettes la surface du bouillon, pour apprécier la brillance des pousses de bambou, le velouté des algues qui sombrent peu à peu, la fierté des oignons flottant, avant d’effleurer trois tranches de porc rôti, puis commencer à aspirer les nouilles, charnues et généreuses.
    b82f88e22fa4de3ca3f21e996cb98698.jpgAvec Beignets de tomates vertes de Jon Avnet (1991), Ninny, une octogénaire, raconte à une ménagère l'histoire de deux jeunes femmes qui, dans les années 30, pendant la dépression aux Etats-Unis, eurent l’idée d'ouvrir un restaurant. Ainsi Ruth rencontre Idgie. L’une quitte son mari violent. L’autre soutient la cause des Noirs. Pour la bourgade où elles se trouvent cela fait beaucoup, elles décident ainsi d’ouvrir le Whistle Stop Café dont la spécialité est les beignets de tomates vertes. Saveurs d’Antan, les tomates sont fondantes, baignées dans une huile troublée qui fera face à l’histoire et aux ségrégations.
    Clore une histoire, achever les rêves d’enfance, c’est que Le Dîner de Ettore Scola (1998) réussit fort bien. Dans une trattoria élégante viennent mourir les dernières utopies. Fanny Ardant est Flora la maîtresse du lieu. Elle est une sorte de cœur en hiver que courtise depuis toujours un maestro impérial et inutile. Parmi les clients : un professeur de philosophie revenu de tout, notamment de sa trop jeune maîtresse, enseignait que « l’esprit fait le corps tout entier », il n’y croit plus. Une croqueuse d’hommes s’effondre quand sa fille lui avoue vouloir porter le voile. Véritable antichambre de la mort, nous saisissons en plein vol les contradictions de Flora qui, au lieu de saisir l’amour passant à sa portée s’en détourne, lui préférant les enjeux sans risque d’une partie de scopa avec le maestro.
    Évidemment pour dresser un tableau complet du lien entre les saveurs culinaires et l’art du passé, il me faudrait évoquer ici Kitchen Stories de Bent Harmer (2003) ou encore Dinner for one ou Le 90e anniversaire de Heinz Dunkhase (1963). Autant d’amuse-bouche agréable qui ne nous font pas penser à l’autre art culinaire adoré et cultivé par le cinéma : l’anthropophagie."

    À suivre l'anthropophagie au cinéma

  • Le cinéma se met à table !

    En plusieurs morceaux de choix, devrions-nous dire, nous allons vous faire découvrir un article de Sonia Bressler, sur le lien entre cinéma et les arts de la table. Nous allons ainsi tantôt savourer, tantôt dévorer le lien culinaire entre plusieurs films... Que disons-nous ? À Table !

    "Drôle de paradoxe que les films qui évoquent la cuisine. Le cinéma est, avant tout, le plaisir des yeux, comment peut-il réussir à nous faire dévorer des plats ? Quel rôle ont les images dans le plaisir gustatif ?

    Les films où la cuisine a le rôle titre sont souvent un régal pour les yeux. Parfois ils nous font mourir de rire. D’emblée, nous sommes dans une dualité sensorielle mais aussi culturelle. Ils nous familiarisent avec d'autres univers, mais peuvent aussi nous couper l'appétit. Ils mettent en scène aussi bien la sensualité que la passion dévorante, voire la vengeance amère. Jouant sur cette dualité, il s’agit ici de mettre en scène différents films traitant de la cuisine ou de l’art culinaire afin d’en orchestrer tous les sens, toutes les saveurs. Ainsi en comprendrons nous toute la dimension anthropologique.

    L’amour à la table

    a9511be7e761b7e667f9774f5aea5ee0.jpgLes douleurs de l’amour et l’art de la table se cuisinent et se savourent au cinéma sans modération. Nos yeux de spectateurs se ferment sur des larmes imaginaires et nous sommes même capables de dévorer des plats et d’en ressortir l’extase. Alfonso Arau réussit, en 1992, cet exploit dans les épices de la passion (Con Agua Para Chocolate). En 1895, Tita naît sur une table de cuisine. Benjamine de la maison, elle est vouée à servir sa mère et, donc, au célibat. Cette adaptation du roman de Laura Esquivel explore les saveurs d’une passion plus forte que le temps. Elle abolit littéralement la frontière entre le sexe et la nourriture. Tita doit préparer un repas et le servir, sans y participer. Sa famille est là, ainsi que l’homme qu’elle aime. Pour faire passer son message au jeune Pedro, elle met tant d’amour dans sa cuisine, tant de sensualité, que tous ceux qui goûtent sa cuisine ont un orgasme.
    e6b0932d657e2e692e63b3a1fc05c613.jpgComment ne pas penser ici au délicieux Quand Harry rencontre Sally de Rob Reiner (1989) ? Déboussolés comme des enfants soudain lâchés dans la cour des grands, Harry et Sally hésitent entre le jeu de l’amour et du hasard et celui du chat et de la souris. Ils se sont rencontrés à l’université de Chicago. Ses grandes chaussettes de laine défiaient quiconque de trouver du charme à Sally. ac32717ecd8bd3ef3e30aeb29a768c97.jpgHarry avait pour salle habitude de cracher bruyamment des pépins de raisin et de tenter sa chance auprès de toutes les femmes. Autour d’une table, ils évoquent leurs vies parallèles. Sally est maniaque à table. Tout doit être servi séparément. Et pourtant demeure cette scène mémorable de son orgasme simulé dans le restaurant «Katz's Delicatessen» à New York. Un morceau d'anthologie.
    2fc426c21985f4304f8a96296e6d6031.jpgDans un tout autre registre, les Mille et Une Recettes du cuisinier amoureux (1997) de Nana Djordjadzé, nous entraîne dans l’amour de l’art. Ce film prône l’amour de la chair et de la bonne chère comme acte de résistance. Lorsque les staliniens envahissent la Géorgie, le héros, patron d’un restaurant réquisitionné, résiste. Non en prenant les armes, mais tout simplement en notant des recettes sur des feuilles de papier. Il a cette phrase magistrale « les communistes disparaîtront, la bonne cuisine, jamais ». L’art comme la cuisine sont les seules armes, douces mais imparables, pour lutter contre les malveillants.
    Evoquer l’art de la table, l’amour et la joie qu’il procure, ne peut se faire sans parler du film le Festin de Babette de Gabriel Axel (1986). Issue d’une nouvelle de Karen Blixen, il narre l’arrivée de Babeth, fuyant les répressions de la Commune, chez deux sœurs très pieuses d’un village isolé du Danemark. Elle y découvre des habitants tristes. Sans saveurs, réduits à se nourrir exclusivement de la morue bouillie. Un jour, Babette remporte à la loterie. Pour exprimer sa reconnaissance, elle décide d’offrir à la communauté, épouvantée, un vrai repas. Son menu est le suivant : soupe à la tortue, blinis Demidoff, cailles en sarcophage, arrosées de Clos Vougeot. Autant de délices ignorés remplissent les habitants d’un bonheur et d’un ravissement. Avec ce festin, ils découvrent la vie et ses joies.
    Autre festin, autre angoisse. Ang Lee, avec Salé sucré (1994) nous plonge au cœur de la cuisine de monsieur Chu. Eminent cuisinier et respectable veuf. Il vit avec ses trois filles dans la grande maison familiale de Tapei. Viandes rutilantes, légumes finement sculptés, pâtes pétries, rôties, fumantes… Tous nos sens sont en éveil, au fur et à mesure que M. Chu perd les siens. Enfermé dans un digne refus du présent ou « refoulé comme une tortue » comme le souligne un ami cuisinier. Son goût, si raffiné, si exceptionnel, s’efface peu à peu, symbole de son angoisse face à la mort, de la vacuité d’une vie passée à exceller dans un art périssable. "

    À suivre "les saveurs du passé"

  • Le Goût de la vie / No Reservations de Scott Hicks

    c6ce6b15bacbbcdd8624f361ae66c3ea.jpg Le Goût de la vie / No Reservations de Scott Hicks (sorti en France en septembre 2007, 1h43. Avec Catherine Zeta-Jones, Aaron Eckhart, Abigail Breslin... Ce film est le remake du film « Chère Martha » de Sandra Nettelbeck

    Kate règne sur les cuisines du 22 Bleecker, un des restaurants les plus cotés de Manhattan. Inventive et exigeante, précise et rigoureuse, elle mène sa petite équipe à la baguette et accomplit chaque soir de nouveaux prodiges dans une ambiance studieuse et concentrée. Consciente de ses mérites, elle se veut irréprochable et ne s'autorise aucun relâchement. Son perfectionnisme fait l'admiration de tous, mais intimide les hommes et décourage les avances. Fréquemment levée avant 5 heures, jamais couchée avant minuit, Kate mène une existence quasi monacale...
    Après la mort soudaine de sa soeur cadette, Kate recueille et prend en charge sa nièce, Zoe, 9 ans, en faisant de son mieux pour l'aider à surmonter l'épreuve. Mais la fibre maternelle lui fait cruellement défaut, et ses efforts les plus méritoires se heurtent à la résistance polie de la fillette, qui lui reproche d'en faire trop.
    De retour au restaurant après une semaine d'absence, Kate a la désagréable surprise de trouver en cuisine un nouveau sous-chef : Nick, blagueur et exubérant, braillant à pleins poumons des airs de Verdi et Puccini pour la plus grande joie du personnel...

  • Chère Martha

    a93d905ce802c57ddcf16fb11900a157.jpg Chère Martha de Sandra Nettelbeck (fiction, sortie en 2004)
    Avec Martina Gedeck, Sergio Castellitto, Maxime Foerste


    La vie quotidienne de Martha, charmante chef cuisinière passionnée par son métier, est plutôt monotone. Elle réalise de vrais chefs-d'oeuvre culinaires aux fourneaux d'un restaurant de Hambourg. Mais brusquement l'existence de cette jeune femme introvertie bascule...
    La réalisatrice se joue alors des aliments et du goût de la vie pour nous livrer une histoire pleine de sel.