Nice (06) Le groupe italien a investi 20 M€ pour la rénovation de l’ex-Atlantic, hôtel Belle Époque du centre-ville. Un premier pas en attendant celle du Plaza, son autre établissement niçois, fleuron de ses établissements en France.
C’était une vieille dame perclus qui faisait son âge, le début du XXe siècle (1913). L’hôtel Atlantic, cher au cœur des Niçois, avait perdu de sa superbe malgré son imposante façade à moulures dominant le boulevard Victor Hugo et ses dômes façon Belle Époque. Ouvert aux premiers jours de décembre, l’Atlantic, devenu Exedra, renaît en hôtel moderne, 4 étoiles aux 113 chambres dont 8 suites, avec spa, bar, salons et restaurant. Racheté en 2000 par le groupe italien Boscolo (1) en même temps que le Plaza et le Park Hôtel, il était resté en sommeil jusqu’en avril 2006, date de l’ouverture du chantier de rénovation portant sur 7 500 m2. Un chantier colossal pour un investissement de 20 €. Seule la façade a été conservée et restaurée, l’établissement étant reconstruit et le cinquième et dernier étage surélevé pour accueillir 8 suites de 80 m2 et 5 junior-suites, le toit-terrasse, équipé d’une piscine, devant ouvrir pour la prochaine saison.
L’Exedra affiche sa couleur : le blanc.
Elle est la signature de l’hôtel, dès le lobby, surmonté d’une verrière, ouvrant sur un bar aux lignes futuristes et deux salons pour séminaires (15 et 70 personnes), jusqu’aux chambres et suites. À fleur de boulevard, La Pesceria est le restaurant à thématique marine (40 couverts), avec terrasse abritée sous des tentes de marché, banc d’huîtres et intérieur avec cuisine ouverte et salon-cheminée aux boiseries chaleureuses.
L’un des atouts de l’hôtel, dirigé par Patrick Ramoin, ancien du Fairmont à Monaco, est enfin le spa au design coralien, géré par Algotherme. Aménagé en sous-sol, il est le plus important de la ville (600 m2) et comprend une piscine, cinq salles de soins, fitness, sauna, hammam…
Plaza : un autre chantier à 20 €L’arrivée de l’Exedra sur le marché Côte d’Azur fait du bien à l’hôtellerie niçoise, à l’offre ainsi élargie. Sa restauration est une première étape pour Boscolo, qui possède deux autres 4 étoiles en ville, le Plaza (180 chambres, près de 8 €de chiffre d’affaires) et le Park (104 chambres), ainsi que le Grand Hôtel à Lyon (140 chambres), dirigés depuis 2001 par Thierry Blin, 53 ans, directeur financier de Boscolo France. Le groupe familial a en effet en projet la rénovation du Plaza, fleuron de son hôtellerie en France, situé dans le ‘carré d’or’ face aux Jardins Albert Ier, à deux pas de la Promenade des
Anglais. Après obtention du permis, ce nouveau chantier - environ 20 M€ - devrait débuter en 2009 pour permettre une ouverture fin 2010-début 2011. Avec l’Exedra et le Plaza, Boscolo aura alors rénové deux des plus beaux hôtels de la ville et de la Côte d’Azur.
(1) Boscolo Hotels possède 23 établissements en Europe, essentiellement en France et en Italie, ainsi qu’un hôtel à Budapest et un à Prague. Le groupe (300 M€ de CA) comprend également Boscolo Tours (tour-opérateur), Boscolo Hotels Engineering et Boscolo Étoile (école de cuisine à Padoue).
Jacques Gantié
Hôtel Atlantic
12 boulevard Victor Hugo
06000 Nice
Tél. : 04 97 03 89 89
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L'entreprise m'a tuer
C’est le buzz éditorial du moment. Deux-cent-seize pages qui viennent de passer la barre des 60 000 exemplaires vendus. Un carton en librairie quand la plupart des bouquins sur l’entreprise dépassent difficilement les 4 000 ventes. Mais L'open space m'a tuer n’est pas un énième opus destiné à améliorer son potentiel managérial qu’on a tapi au fond de soi, et même qu’on ne le sait pas.
Ce n’est pas non plus un simple état des lieux de la tendance furieuse – et qui dure depuis une bonne dizaine d’années – d’entasser 50 personnes dans le même espace ouvert en se disant qu’elles seront plus efficaces. C’est mieux et bien pire que tout ça.
Les deux auteurs, des consultants en rupture de ban dorénavant, dressent un tableau drôle et pathétique à la fois de l’entreprise d’aujourd’hui et de la vie professionnelle des jeunes cadres. Et le blues du « bureau paysager » (l'autre appellation bucolique de l'open space) n’est que l’un des symptômes, nombreux, d’un mal être profond qu’on n'ose plus appeler malaise, tellement le terme est galvaudé, tant il est désormais associé aux cadres.
Évidemment, l’ouvrage se penche, comme aucun autre ne l’avait fait jusqu’alors, sur le système pervers engendré par les fameux « plateaux » (en langage d'architecte). Et la liste des griefs est longue : bruit, manque d’intimité, compétition accrue, flicage entre salariés, difficultés de concentration et autres joyeusetés qui poussent certains cadres vers la dépression, ou plus tranquillement, vers la porte. Sauf que nombre de scènes de la vie de bureau décrites dans ce bouquin pourraient parfaitement se dérouler dans des entreprises aux bureaux fermés (il en reste).
Car il se délecte de tous les travers de la vie de bureau, tels que le wording, ce jargon professionnel, ces « mots basiques, faussement précis et surtout anglicisés » comme le définissent les auteurs et que l’on retrouve dans tous les bureaux de la terre. Il raconte par le menu les missions de consultants qui rêvaient d’une vie entre deux jets et se retrouvent entre deux bus de banlieue. Il se penche sur les « auto-évaluations », exercices qui rappellent les belles heures de la révolution maoïste où celui qui n’était pas dans la ligne du parti battait sa coulpe en une autocritique flagellatoire. Et pour son augmentation, revenait l’année d’après.
Car contrairement à ce que le titre laisse suggérer, ce livre n’est pas une charge contre l’architecture d’intérieur post-moderniste, mixant l’esprit du loft des années 80 au taylorisme du début de l’autre siècle. Il évoque, en se contentant de la raconter en courtes saynètes, ce qu’est aujourd’hui la vie d’un jeune cadre qui n’encadre personne, et à peine lui-même. Qui ne sait plus si la fausse coolitude de la vie de bureau et la vraie violence des rapports professionnels sont farcis de lard ou de cochon. Et qui se dit que, si le boulot ressemble à ça, c’est pas la peine d’y passer 70 heures par semaine, ni d’y laisser sa santé.
Et l’on comprend mieux le succès surprise du livre. En l’ouvrant, nombre de cadres de 25-30 ans se sont regardés pour la première fois dans un miroir. Ils savaient déjà que leur reflet était loin de ce qu’ils avaient imaginé. Ils étaient bien un peu déçus, mais pensaient être tous seuls à réagir comme ça, en gros égoïstes pourris-gâtés.
Mais à la lecture de cet open space, et à la consultation du forum créé tout exprès par les auteurs, ils s’aperçoivent qu’ils sont nombreux à penser que la vie de bureau n’est pas comme ils l’avaient rêvée. Et lorsqu’une génération entière s’aperçoit qu’il y a tromperie sur la marchandise, elle exige un remboursement. Ou alors elle renonce à ses rêves. Et dans ce dernier cas, on souhaite bien du plaisir aux vaillants DRH qui tenteront de motiver ces cadres.
Alexandre des Isnards, Thomas Zuber, L'open space m'a tuer, éd. Hachette, 212 pages. 16,50€
Sylvia Di Pasquale