Rares sont les romans, même de science-fiction, fondés sur l'invraisemblance. Il en est de même avec les enquêtes en sciences sociales. Il existe néanmoins des vraisemblances négligées. Les résistances au travail en font partie.
Le management contemporain a beau exalter l'individu, il exige encore et toujours une subordination à sa logique. Il n'est pas aisé d'y échapper.
Pourtant, aujourd'hui comme hier, la subjectivité rebelle se fraie un chemin. La logique de valorisation a supplanté le despotisme de la fabrique. Mais peu de salariés sont dupes. On peut céder sans consentir et faire le minimum tout en respectant les apparences.
Les résistances au travail se situent dans les interstices de la domination. Elles reconstruisent des espaces d'autonomie qui échappent en partie à la domination. Elles anticipent et nourrissent l'action collective.
Ce livre expose et analyse ces pratiques non conformes qui resurgissent toujours. La relation salariale est ainsi faite ; n'en déplaise à ceux qui pensent avoir gagné la partie grâce à la précarisation et au chômage : n'en déplaise aussi à ceux qui, par leurs analyses compassionnelles sur la souffrance au travail négligent les capacités de résistance des collectifs.
Stephen Bouquin, Résistances au Travail, éd. Syllepse, 2008. 25 pages, 20€