Le meilleur des RH en 7 exemples choisis par Didier Pitelet ()

Michelin, Ysance, Parrot, groupe Flo, groupe Casino, LVMH, BNP Paribas... Sept exemples de gestion des ressources humaines à suivre, selon Didier Pitelet, auteur de "Le prix de la confiance".

Extraits du livre "Le prix de la confiance, une révolution humaine au coeur de l'entreprise" (Eyrolles, décembre 2012)

Michelin, une culture industrielle

Bibendum Michelin
Crédits photo : AFP
Bibendum Michelin

Il n’y a qu’en France que l’on prend des distances avec Michelin, au prétexte que son image est indissociable de la réputation un peu terne de Clermont-Ferrand. Partout ailleurs, la ville est considérée comme la capitale mondiale du pneumatique. Et Michelin, numéro un mondial du secteur, comme une entreprise de haute technologie. Mais la force du modèle Michelin est aussi culturelle. Être salarié chez Michelin, c’est faire partie de la famille des Bib. N’y entre pas qui veut. Tout un processus d’intégration est nécessaire, avec passage obligé en usine, même pour les cadres supérieurs. L’usine est l’ADN de Michelin. Ne pas se plier aux modes pour rester soi-même, revendiquer et assumer son exclusivité culturelle est une force en l’espèce.

Ysance, le retour de l’humain dans l’informatique

Les salariés d'Ysance gardent le fil grâce au réseau social mobile

Dans les services informatiques, les grandes entreprises font peu de cas de l’humain. Elles pratiquent le « body shopping », calibrant leur consommation en « heures hommes » au fil de leurs besoins de développement, sur fond de plein emploi qui facilite la carrière des ingénieurs. La rentabilité prime sur le reste ; le secteur souffre d’une absence de leader RH. Ce manque de reconnaissance a favorisé l’émergence de plus petites structures qui ont une véritable ambition humaine.

C’est le cas d’une petite société de services d’environ 150 personnes, Ysance, qui incarne à mes yeux le leadership de demain. Ses dirigeants, deux geeks en puissance, sont habités par la volonté d’être utiles, de créer pour le bien du plus grand nombre. Leur talent : rendre simple et accessible ce qui semble compliqué. Leur passion : agréger des femmes et des hommes et leur offrir la plus belle ambition, se réaliser. Résultat, Ysance engrange les budgets là où d’autres gèrent les crises. Ce partage d’une philosophie et d’un certain don de soi donne du sens à un quotidien collectif assez exceptionnel. Aimer ses équipes ne fait pas de mal et peut aussi devenir une marque de fabrique…

Ysance
Crédits photo : Ysance / Facebook
Salle de repos chez Ysance et autres activités

 

Parrot, un fondateur au génie fédérateur

Henri Seydoux, Parrot
Henri Seydoux, fondateur de Parrot

Autre source de différence à contre-courant du fatalisme déshumanisant de ce secteur, le génie du fondateur et sa capacité à fédérer des équipes dans son rêve. C’est le cas de Parrot et de son créateur Henri Seydoux, l’une des plus belles success stories françaises au niveau mondial, connue du grand public grâce à ses systèmes Bluetooth pour l’automobile, ses enceintes signées Stark ou encore son drone, hélicoptère-jouet télécommandé à partir de son smartphone. Fondé sur un recrutement hypersélectif incarné par un test proposé aussi bien aux meilleurs élèves des plus prestigieuses écoles d’ingénieurs qu’à des geeks autodidactes passionnés (seuls 15 % des candidats le réussissent…) et la conscience d’inventer le futur, Parrot est habité par la flamme de son dirigeant. « Pour et au nom d’Henri » semble être une promesse mobilisatrice à nulle autre pareille. Le pacte de confiance est total entre le patron et ses équipes. Comme nous sommes en France, certains penseront immédiatement à des clichés de gourous, de sectes ou je ne sais quoi. Ceux-là, c’est sûr, n’ont pas dû avoir la chance de vivre une vraie aventure d’entreprise. La volonté de faire partager une aventure humaine où chacun est coresponsable du projet et de l’ambiance est un vrai moteur pour cette entreprise qui incarne la Silicon Valley à la française.

Groupe Flo, un restaurateur convaincu de l’importance du capital humain

Même les activités qui ont une piètre image ont leurs acteurs innovants. Dans la restauration, des centaines de milliers d’emplois ne sont pas pourvus. La branche est très rude, avec des horaires décalés, des métiers physiques et souvent, il faut bien dire, des managers autocrates qui passent leur temps à houspiller leur personnel. Dans ce secteur pourtant, le Groupe Flo (Brasseries, Taverne de Maître Kanter, Hippopotamus, Tablapizza, etc.) se démarque en prenant en compte la dimension humaine, non sans rendre compte à des fonds d’investissements, ce qui est remarquable.

Dominique Giraudier, invité des Echos en septembre 2012

Une stratégie entièrement portée par son président, Dominique Giraudier, qui a succédé au fondateur Jean-Paul Bucher en 2001 après une décennie de carrière dans le groupe. En septembre 2012, alors qu’il faisait la une de Management, il déclarait : « Mes micros sont ouverts en permanence » et à la question : « Comment rester proche de ses salariés qui se comptent par milliers et sont dispersés aux quatre coins du monde ? », il répondait : « En les aimant, tout simplement. Oui, on peut aimer 8.000 personnes en même temps ! » Chapeau l’artiste ! La surcommunication n’est pas un style mais une nécessité dans une économie qui, aux yeux de beaucoup, s’apparente à une économie de main-d’œuvre alors même que pour ce leader c’est avant tout une industrie de services. Convaincu de l’importance de l’humain, il multiplie les initiatives à l’exemple des journées portes ouvertes aux handicapés, des 600 apprentis de France réunis pour une autre journée dédiée à l’avenir des jeunes ou encore les tchats qu’il tient lui-même régulièrement avec ses salariés en direct, lesquels peuvent lui poser toutes les questions, aucun sujet tabou… Il passe sa vie dans ses restaurants avec un coup de fourchette qui est un hommage au travail de ses équipes… Heureusement que sa seconde passion, après ses équipes, c'est la course à pied…

LVMH, un géant qui transforme ses employés en ambassadeurs du luxe

Numéro un mondial du luxe, LVMH mise à la fois sur l’humain et sur l’ouverture au monde avec ses « Journées particulières ». Au cours de ces journées organisées les 15 et 16 octobre 2011 (note de la rédaction : ces journées ont été reconduites les années suivantes), les plus grandes maisons du groupe ont en effet ouvert au public 25 sites remarquables (ateliers, chais, hôtels particuliers, demeures familiales, boutiques historiques, etc.), à Paris comme en province, ainsi qu’en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni et en Pologne. Les visites furent animées par des salariés volontaires du groupe. Avec cette opération, LVMH a démontré à la fois son « savoir-produire français », la complémentarité de ses métiers dans le luxe (maroquinerie Louis Vuitton, vins et spiritueux Moët Hennessy, etc.), et surtout qu’il y a une réalité humaine derrière le champion financier mondial qu’est le groupe.

 *Le prix de la confiance, Une révolution humaine au coeur de l'entreprise. Auteur : Didier Pitelet. Editeur : Eyrolles. Date de parution : janvier 2013. Nombre de pages : 193. Prix : 17 €

 *Extraits des Echos

 

| Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rh, ressources humaines, management |  Facebook | |  Imprimer | |