L’Observatoire international des Bien-être(s) ()
La recherche du bien-être est partout. C’est devenu le mot magique. Des secteurs traditionnels de la cosmétique et de la beauté à ceux de l’alimentation en passant par les assurances ou l’ameublement, partout, il en est question. Il devient urgent dans ces conditions d’apprécier cette notion et de quantifier ce marché du bien-être à sa juste mesure. C’est l’objectif du nouvel Observatoire international des Bien-être(s), comme nous l’explique Rémy Oudghiri, directeur du département Tendances et Prospective, Ipsos Marketing. Premiers résultats attendus en juin 2009.
Où situer la notion de bien-être ?
Rémy Oudghiri : Nous partons de l’idée qu’elle se situe à mi-chemin entre le plaisir, notion plutôt liée à des bénéfices immédiats, et le bonheur qui est plutôt de l’ordre de l’accomplissement spirituel sur un plus long terme. Le bien-être mêle un ensemble d’impressions positives relié au sens de l’existence. Il s’agit d’être bien à la fois dans son corps et dans sa tête. On constate également un changement de discours : aujourd’hui, être bien ne peut plus être dissocié de son milieu. Le bien-être individuel et le bien-être de l’environnement vont de pair. C’est ce qui caractérise des mouvements comme le Lohas au Japon ou aux Etats-Unis où l’on essaie de réconcilier la santé individuelle, la protection de l’environnement et un certain goût de la consommation.
La multiplicité du bien-être
Quels domaines sont porteurs, ou vendeurs, de bien-être ?
RO : l’un des plus visibles, réside dans toutes ces prestations de soin qui se généralisent et vont du massage, au spa, à la séance de relaxation, etc… Les nouveaux concepts se succèdent les uns aux autres. En matière d’hôtellerie par exemple, vous voyez apparaître aujourd’hui un label Wellness. Le luxe est devenu une composante importante du bien-être. Le secteur des articles de sport bien sûr. Le bien-être s’infiltre également là où on ne l’attend pas. Dans les jeux vidéo, par exemple, avec la console Wii de Nintendo qui s’ouvre désormais aux activités de remise en forme. Le gouvernement britannique envisage même d’introduire ces jeux à l’école pour lutter contre l’obésité infantile ! L’agro-alimentaire fait elle aussi une grande consommation de cette notion de bien-être. Avec des revirements amusants. Regardez la manière dont un géant de la minceur comme Weight Watchers est en train de changer sa communication en disant : « arrêtez de faire des régimes, commencez à vivre » ! L’idée aujourd’hui est d’être bien dans son corps quelque soit ce corps et de faire place à la diversité des individus.
Quelles sont les raisons de cette soif si intense et soudaine de bien-être ?
RO : il y a des raisons structurelles comme le niveau de prospérité économique et le vieillissement de la population. Il s’agit de rester « intact » le plus longtemps possible. C’est devenu une vraie obsession. Jadis, le bonheur, c’était pour après la vie. La question du bien-être ne se posait pas pour l’immense majorité des gens. On vivait sa vie. On souffrait, ce qui était le cas de la plupart. Puis le bonheur éternel nous était donné. Dans nos sociétés, l’idée est plutôt désormais que l’on a qu’une seule vie et qu’il ne faut pas la rater, la vivre le plus longtemps possible, le mieux possible. C’est une source d’angoisse. Il y a aussi d’autres raisons plus conjoncturelles comme le rapport au temps et à l’espace. Tout va de plus en plus vite et nous vivons dans le régime de l’urgence, du stress.
Comprendre les multiples formes du bien-être et les raisons de la demande
Y-a-t-il un moment charnière ?
RO : l’année 2001 a marqué un tournant. Jusque là, on avait l’impression que le monde évoluait dans un sens plutôt positif, grâce notamment aux progrès de la technologie. Mais à partir de 2001, et des attentats du World Trade Center, on ne sait plus trop où va la planète. Les illusions s’effondrent. La question environnementale et l’ampleur de la crise financière aujourd’hui renforcent ce désarroi. La question devient dès lors : comment se préserver en période de crise, comment être heureux ?
Justement, comment ?
RO : ce sont les questions que nous étudierons en commençant par dresser un bilan de santé de nos sociétés. Nous aurons également pour ambition de déterminer un indicateur global du bien-être. D’établir une typologie des individus. De voir ce que font les gens aujourd’hui pour ce sentir mieux. Qu’est-ce qu’ils ne font pas et souhaiteraient faire dans le futur ? De comprendre de façon transversale la demande de bien-être à travers différentes catégories de produits et de services. Enfin, l’idée n’est pas seulement de comprendre mais d’agir et de fournir un outil d’aide à la décision.
Rémy Oudghiri
Directeur du département Tendances et Prospective
Ipsos Marketing
Hélène Plisson
Directrice d’études - Ipsos Marketing
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