Maryse Wolinski dresse le portrait d'Alain Jacob ()

Maryse Wolinski, écrivain journaliste, a rencontré Alain Jacob. Autour d'une longue conversation, elle dresse le parcours du Président Fondateur d'A.J. Conseil. Un portrait sensible, qui rend compte d'une histoire, d'une volonté, d'une passion pour l'humain. 

Alain Jacob, A.J. Conseil

La vie se chargerait-elle de construire notre destin ?


Alain Jacob est né à Paris, mais c’est en Savoie qu’il va découvrir sa vocation. Que peut devenir un petit savoyard d’adoption qui, pour se distraire, passe ses après-midi derrière le comptoir de l’hôtel situé à proximité de chez lui ? Il observe le personnel, se mêle aux allées et venues des clients, s’imprègne de ce constant va et vient, hume cette atmosphère enivrante de « passage ». La réception de l’hôtel est le lieu de tous les jeux et de tous les fantasmes. Bien plus distrayant pour lui qu’un terrain de football. Alors, une fois le bac en poche, et lorsque le moment est venu du choix des études et de l’avenir, pas question de faire Centrale comme son aîné, le petit savoyard devenu grand choisit d’entrer à l’école hôtelière de Paris.

Voilà comment après une année en Allemagne, Alain Jacob  décroche un poste de direction à La Gazelle d’Or de Taroudan, là où descendent les plus grands de ce monde. Son rêve continuerait-il de se réaliser ?

Pas vraiment. Un grave accident de voiture  le détourne de ses projets pour l’immobiliser une année à l’hôpital. Une année de souffrance qui forge sa maturité. Et il vient tout juste de fêter ses 21 ans quand il se retrouve assistant de direction du plus grand hôtel de Lyon avec 200 personnes sous ses ordres. Une première belle réussite qui lui permet d’apprendre la gestion de la clientèle comme celle du personnel et où il découvre sa passion de l’humain. Il commence aussi à faire connaissance avec l’ensemble des métiers de l’hôtellerie et de la restauration.

Quelques années plus tard, il tente une nouvelle aventure comme dirigeant dans un groupe de restauration  où il restera une bonne vingtaine d’années pendant lesquelles il nourrit son réseau.

 

Quarante cinq ans, c’est le bel âge pour devenir entrepreneur.

« De tempérament, je suis plutôt indépendant, confie-t-il, j’ai un bon feeling, j’aime bien l’humain, je me suis dit que c’était le moment, après vingt années à la direction d'un groupe, de me tourner vers les ressources humaines et de créer ma société ».

Voilà comment le petit savoyard qui jouait à faire l’hôtelier devint en 1992, chasseur de têtes et créa la société AJ Conseil.

 

Chasseur de têtes, le terme nait dans les années soixante et dans les pays anglo-saxons : headhunter ou bien Executive search. Le chasseur de têtes est celui qui débusque talents et oiseaux rares pour le compte d’entreprises.

Dès la création de la société, Alain Jacob  s’appuie sur le réseau qu’il connaît bien, celui de la restauration et de l’hôtellerie. Un secteur dans lequel il se spécialise et qui, malgré la crise économique de l’époque, ne cesse de se développer.


Comment définit-il ce nouveau métier qu’il se plaît à exercer ?

«  Le chasseur de têtes est un passeur entre un candidat et un client. Il doit avoir une réelle connaissance du marché international de l’emploi, et effectuer une veille permanente dans son secteur d’activités. Etre doté d’une qualité d’écoute exceptionnelle et une écoute active pour entendre les non-dits des uns et des autres. Avoir de la rigueur car il s’agit d’une activité marchande. Et savoir garder une certaine éthique. Se méfier de trop verser dans le social. Enfin, et c’est important, avoir le goût et le talent de la négociation, mais aussi de la conviction.»

« C’est encore une bonne connaissance de la psychologie, beaucoup d’intuition et un vrai bon sens. Le chasseur de têtes a une obligation de conseil vis à vis du candidat comme du client. Et un devoir, celui d’alerter l’un et l’autre quand un problème se pose. »

 

Avant de trouver le bon candidat pour l’entreprise cliente, Alain Jacob, en bon chasseur de têtes, écume son carnet d’adresses, s’appuie sur son réseau, interroge des banques de données spécialisées et exploite l’ensemble des nouveaux réseaux sociaux, tels Viadéo, Linkedin, voire Facebook.

 

Alors à quel moment se produit le déclic où l’on sait qu’il s’agit du bon candidat pour la PME ou le groupe demandeur ?

« Après avoir validé ses diplômes et ses références, avant tout, c’est le charisme de la personne qui se trouve en face de moi qui va orienter ma décision, explique-t-il. Entrent en ligne de compte aussi sa présence, sa façon de s’exprimer, son désir de s’intégrer dans une nouvelle entreprise. Il faut sans cesse mettre son intuition en alerte pour ne pas laisser passer une ombre. Savoir par exemple obtenir, sans vraiment questionner, des éléments de vie privée, surtout dans les cas où les candidats doivent se déplacer d’une région à une autre. Souvent, c’est la personnalité du candidat, ou de la candidate bien sûr, qui l’emporte. En fait, il faut savoir conjuguer compétences et personnalité.»

 

L’hôtellerie et la restauration sont des secteurs où les femmes sont très présentes mais le plus souvent à des postes subalternes. Peut-on constater une évolution de cette situation ?

«  Il y a de plus en plus de femmes en cuisine, en tant que chef, mais aussi des postes de direction peuvent désormais leur être proposés. Ainsi, raconte-t-il, récemment, le DRH du plus grand traiteur français m’a demandé de « chasser » une femme pour entrer au comité de direction de l’entreprise. « Il y a trop d’hommes, s’est-il plaint. Je veux une sensibilité féminine ». Reste que dans quelques cas encore, la maternité continue de pénaliser les candidates. »

 

Avec dix huit années de fichiers de données derrière lui, Alain Jacob se plaît à mettre en jeu sa force et son talent de persuasion pour débaucher un oiseau rare dont il connaît parfaitement le talent et satisfaire ainsi une entreprise cliente mais à l’occasion, faire progresser cet oiseau rare dans sa carrière. C’est l’un des plus de ce métier excitant mais stressant où Alain Jacob se livre à sa passion de l’humain.

Ses autres passions ? Depuis une bonne vingtaine d’années, sa pratique du Taï Chi lui a appris à combattre le stress et à atteindre une certaine sérénité dans tous les mouvements de la vie, professionnelle comme privée. Et la vie n’est faite que de mouvements.

Alain Jacob se définit comme un homme éclectique, persévérant, curieux de tout,  sans cesse à la recherche de la perfection de soi et celle de l’humanité. Il a su aider la vie, la faire basculer quand il fallait, pour lui donner plus d’envie de vie et ainsi, croiser son destin.

 

Maryse Wolinski 

Article paru dans la revue Kritiks (le 4 août 2011) 

 

 

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